FRANÇOIS HOLLANDE : DEBUT DE CAMPAGNE PROMETTEUR

Publié le par Xavier GARBAR

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Dans une tribune publiée mardi 3 janvier par Libération, François Hollande ouvre sa campagne présidentielle.

En deux pleines pages du quotidien, il expose les principes qui vont guider sa démarche dans les mois qui viennent.

Pour ceux qui, comme moi, après avoir soutenu Arnaud Montebourg lors du premier tour des  primaires, ont fait le choix de François Hollande au second tour, l’attente était grande et c’est avec attention et vigilance que chacun de ses mots a été analysé.

Je le dis d’emblée, je n’ai pas été déçu.


Je ne tomberai pas dans le piège tendu par ses adversaires, abondamment relayé par des médias complaisants avec le sortant, selon lequel Hollande reste dans les généralités, ne comptant que sur le rejet du sortant pour l’emporter en restant dans le flou.


Evidemment qu’il y a une part de tactique (on n’est pas obligé d’être maladroit à chaque présidentielle !), et que la discussion sur les propositions concrètes ne doit commencer que lorsque Sarkozy entrera lui aussi en campagne. Sinon, il serait trop facile de dégommer celui qui se dévoile trop tôt, pour laisser ensuite le champ libre au président sortant…


Cette prudence normale de celui qui représentera la gauche au second tour ne vaut évidemment pas pour les autres candidats de gauche, qui ont à faire valoir leurs idées pour peser sur la campagne. Et j’avoue que le maintien de Chevènement –dont je désapprouvais la candidature et que j’espère voir rallier François Hollande avant le premier tour – a au moins le mérite de mettre dans le débat public des analyses et des propositions fortes à la hauteur de l’ampleur de la crise. Idem pour Mélenchon dont beaucoup de « coups de gueule » font du bien à entendre…

Mais revenons à l’essentiel. Je ne crois pas du reste que François Hollande restera dans le flou et suis convaincu qu’il exposera le moment voulu un programme sérieux, précis, cohérent et néanmoins audacieux et volontariste.

 

Dans son adresse aux Français du 3 janvier, il dit déjà des choses fortes, avec des mots, qui « parlent » à ceux qui se reconnaissent dans la gauche républicaine, dans les analyses de Montebourg sur la « démondialisation », celles de Chevènement sur la réorientation nécessaire de la construction européenne, à tous ceux qui pensent que la gauche doit renouer avec les classes populaires et donc s’engager dans une politique de croissance et de ré industrialisation en faveur de l’emploi et non avec une généralisation des politiques d’austérité.

Citons donc quelques larges extraits :

 

« …le chômage est au plus haut parce que la croissance est au plus bas ; la hausse des prix et des taxes ampute leur pouvoir d’achat ; l’insécurité est partout ; leurs emplois s’en vont au gré des fermetures d’usines et des délocalisations industrielles…

 

« Certes, depuis 2008, il y a la crise. Elle est le produit de la mondialisation débridée, de l’arrogance et de la cupidité des élites financières, du libéralisme effréné, sans oublier l’incapacité des dirigeants européens à dominer la spéculation…

 

«Les Français souffrent aussi dans leur âme collective : la République leur paraît méprisée dans ses valeurs comme dans le fonctionnement de ses institutions, le pacte social qui les unit est attaqué, le rayonnement de leur pays est atteint et ils voient avec colère la France abaissée, affaiblie, abîmée, «dégradée»…

 

«Nous sommes un grand pays disposant d’immenses savoir-faire, de remarquables entreprises, d’une recherche féconde, de services publics de grande qualité, d’une démographie dynamique, d’une épargne abondante, d’un attachement profond aux valeurs de la République. Nos ouvriers, nos techniciens, nos ingénieurs, nos chercheurs, nos savants, nos fonctionnaires sont parmi les meilleurs du monde

 

« La volonté : il en faudra pour rétablir les comptes publics, pour relancer la croissance, pour soutenir les emplois. Il en faudra pour redonner confiance …pour réduire les inégalités, répartir différemment les richesses. Il en faudra aussi pour réussir la transition énergétique. Il en faudra surtout pour maîtriser la finance.

 

« La  justice, c’est un impôt équitablement réparti selon les capacités de chacun. La justice, c’est une société qui ne tolère aucun privilège. La justice, c’est ne reconnaître que la seule valeur du mérite. La justice, c’est une école qui accorde la même attention à chaque enfant. La justice, ce sont des soins accessibles à tous. La justice, c’est de pouvoir vivre de son travail. La justice, c’est pouvoir profiter d’un vrai repos après des années de labeur. La justice, c’est vivre en paix et en sécurité partout. La justice, c’est une société qui fait sa place à sa jeunesse...

« Cette espérance n’est pas vaine. Elle est le fil qui renoue le récit républicain

« Je sais que beaucoup d’entre vous se demandent si notre pays … est condamné à appliquer un programme décidé ailleurs ou dicté par les marchés financiers. … A tous ces Français, je veux dire : oui, nous pouvons, même dans une économie mondialisée, maîtriser notre destin...

« Nous le pouvons en comptant d’abord sur nos propres forces, et en agissant au niveau de l’Europe, à condition que celle-ci soit réorientée. …

«  La France est un grand peuple, capable du meilleur s’il retrouve la confiance en lui, la confiance en l’Etat et en celui qui l’incarne…

Il n’y a jamais une seule politique possible ...

Je n’ignore rien des tentations d’électeurs souvent issus des classes populaires pour l’extrême droite. Ma campagne sera aussi tournée vers eux. Je leur parlerai net. J’entends leur colère et leur désarroi… »


Bien sûr nous attendons la suite. Bien sûr nous serons vigilants.

Mais j’ai un bon pressentiment. L’impression que François Hollande est en train de se hisser à la hauteur de l’enjeu : sortir la France et l’Europe d’une crise aussi grave que la crise de 1929 dont les conséquences funestes sont encore présentes dans la mémoire des peuples.

 Et que pour cela, il sent qu’il faut sortir des sentiers battus du social libéralisme et de l’archaïsme des traités européens.

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