VOTEZ POUR LA DEMONDIALISATION : OSEZ MONTEBOURG
Dans quelques jours, les candidatures officielles aux « primaires » socialistes seront connues. Cette date marquera le véritable lancement de la campagne des présidentielles de 2011.
Quel est l’enjeu principal de la présidentielle ?
Est-ce seulement, comme on l’entend hélas fréquemment à gauche, et même au-delà, « se débarrasser de Sarkozy »?
Certes, ce quinquennat pitoyable a dégradé l’image de la politique, de la République et de la France. Il faut rétablir la dignité de la fonction et sortir de ce cauchemar occidental qui a porté au pouvoir, là des Bush ou des Berlusconi ici un Sarkozy.
Mais on ne peut se contenter de cette vision superficielle et à courte vue.
La mondialisation n’est pas une fatalité mais le résultat d’une politique délibérée.
L’enjeu, c’est d’abord de comprendre le monde dans lequel nous vivons : non pas le résultat d’une évolution naturelle et irréversible due à l’évolution technologique, à la dématérialisation des communications et au développement sans précédent des transports, etc., mais le résultat d’une politique délibérée:
- Une politique de dérégulation, de libéralisation des marchés financiers, de démantèlement des services publics et d’ouverture à tout va à la « concurrence libre et non faussée, mise en œuvre par des gouvernements tant libéraux que sociaux-démocrates.
- Une politique mise en place sans l’assentiment des peuples, permettant aux entreprises multinationales de s’affranchir des lois et règlements protecteurs des Etats pour imposer partout la loi du plus fort, une véritable jungle qui met en concurrence les systèmes sociaux, tirant vers le bas, partout sur la planète, le niveau de vie des travailleurs, qui « appauvrit les pauvres des pays riches et enrichit les riches des pays pauvres ».
- Un système qui ruine les industries du Nord et pousse vers le chômage et la précarité une part croissante de ses classes populaires et moyennes, un système qui retient dans la misère et l’esclavage les peuples du Sud.
- Un système sans foi ni loi qui se soucie comme d’une guigne des équilibres naturels et ruine l’écosystème de la planète.
La mondialisation (ou globalisation), est un mode d’organisation des sociétés qui a été choisi parce qu’il permet d’accumuler les profits sans être entravés par les lois et protections que se sont donnés les peuples au cours de leur histoire,
Ce système, avec ses crises à répétition, a fait la preuve de son extrême nocivité. Il doit être réformé profondément.
L’enjeu de la présidentielle c’est de comprendre ce monde pour le changer.
La construction européenne vecteur de la mondialisation en Europe.
La France, comme les autres pays européens, a été profondément « abimée » par la mondialisation.
Son système social « républicain », résultat d’un siècle de conquêtes sociales, est en danger.
- A travers la politique de dérèglementation souvent imposée par les traités européens, le niveau de vie des salariés, soumis à la concurrence de pays à bas salaires, au développement des contrats précaires, à la peur du chômage et à l’exigence croissante des actionnaires, a stagné voire régressé.
- Les services publics, fierté de notre République, subissent du fait de l’ouverture forcée à la concurrence, des dommages menaçant jusqu’à leur existence.
- Les politiques d’austérité imposées par le respect des normes de déficits et d’endettement de l’Union Européenne, par la politique de l’€uro cher menée sans contrôle démocratique par une Banque Centrale Européenne indépendante, ont fait de la zone euro un espace de stagnation économique présentant les plus faibles taux de croissance du monde et un taux de chômage indigne de pays développés.
- L’ouverture des frontières sans aucune restriction a provoqué la plus grave désindustrialisation jamais connue (11% du PIB en 2010 contre 23% en 1970).
Selon les estimations de l’économiste Jacques Sapir (1), les effets directs et indirects de la mondialisation marchande (2) ont entraîné un manque à gagner d’emplois de l’ordre de 4 à 5 % de la population active. En clair, le taux de chômage de 2008, avant la crise, n’aurait pas été de 8.3%, mais de 3 à 3,5 % !
Le grand débat de la présidentielle sera celui de la « démondialisation »
L’enjeu de la présidentielle n’est donc pas d’abord un choix de personnes. Ou plutôt il s’agira de choisir le candidat ayant pris la mesure des dommages de la mondialisation, préconisant des solutions pour en sortir, et armé de la volonté et du courage nécessaire à une politique de rupture avec ce système politique.
Comment peser le plus efficacement possible, pour que la gauche, faute d’avoir pris en compte la nécessaire critique de la mondialisation, ne nous présente pas à nouveau un programme superficiel, et en cas de victoire ne trahisse encore une fois les espérances des électeurs ?
Il est acquis, qu’on le veuille ou non, que seul le candidat issu de la primaire organisée par le PS peut figurer au second tour.
Même si le candidat du « front de gauche » réalise un bon score au premier tour, ce que rien n’indique pour l’heure, il sera trop tard pour peser sur ses orientations politiques majeures. S’il est qualifié pour le second tour, le candidat socialiste considèrera que la gauche de la gauche se désistera automatiquement en sa faveur. Il sera donc tenté de ne faire d’ouvertures que vers les écologistes ou vers le Centre. Au risque d’avoir un report des voix de gauche médiocre.
La candidature potentielle de Jean Pierre Chevènement fait peur au PS, en raison de sa stature d’homme d’Etat d’une part et du précédent de 2002 d’autre part. Chevènement ne se décidera qu’à l’automne, et ne se maintiendra que si le candidat désigné par la primaire du PS en reste à un programme « bisounours », plein de bonnes intentions sociales et fiscales mais sans moyen de l’appliquer faute de remettre en cause radicalement le fonctionnement de l’Union Européenne.
Dans les deux cas, l’accord final, trop tardif, se limitera à un compromis programmatique superficiel et une répartition de sièges législatifs.
Il paraît donc utile et nécessaire de peser dès maintenant sur les orientations politiques du candidat du PS et pour cela, utiliser l’occasion donnée aux citoyens de gauche à travers cette primaire.
Or la situation économique et sociale vient de faire une entrée tonitruante dans le débat public.
Une récente enquête d’opinion (3) révèle que 48% des français (dont 64% des ouvriers et 52 % des employés) sont « révoltés » face à la situation économique et sociale de la France, 30% étant résignés, 13% confiants et 1% enthousiastes. Même les cadres supérieurs sont plus nombreux à être révoltés (36%) que résignés (35%) ou confiants (13%).
Une large majorité de personnes interrogées se prononce pour l’instauration de mesures protectionnistes au frontières de l’Europe et manifestent une claire volonté de changer le système existant.
Le même sondage montre que les électeurs du PS, dans une proportion supérieure à l’ensemble des français, pensent que l’ouverture des frontières aux produits des pays à bas coût de main d’œuvre a eu des conséquences négatives sur l’emploi (90%), sur le niveau des salaires (87%), sur les déficits publics (77%).
Rappelons qu’en 2005 déjà, à l’occasion du référendum sur le traité constitutionnel européen, une très nette majorité des électeurs de gauche (et même des électeurs du PS) avait condamné le fonctionnement de l’Europe telle qu’elle avait été construite.
Oser Montebourg
Le débat sur la « démondialisation » est lancé.
Même si les autres postulants aux primaires socialistes sont des personnalités honorable (4), un seul candidat soutient clairement cette orientation : Arnaud Montebourg.
Son livre : « Votez pour la démondialisation, La République plus forte que la mondialisation » » (2 €uros seulement chez Flammarion) est en passe de devenir un best seller : 40 000 exemplaires vendus, un record pour un livre politique !
Certes, Arnaud Montebourg n’est pas « politiquement et économiquement correct ».
Pourtant, son message relaie celui d’un nombre croissant d’économistes, atterrés par l’aveuglement des gouvernements européens.
Certes, il n’est pas le candidat choisi par les médias, ni par les appareils politiques. Les français ne le connaissent donc pas encore, d’où son score encore modeste dans les sondages.
Mais dès l’ouverture du débat des primaires, la politique va l’emporter.
Le débat central de la présidentielle, ce ne sera plus la compétence supposée du directeur général d’une grande institution financière internationale, ni les effets du régime alimentaire de tel candidat, ni la bonne tête de tel ou telle…
Le débat, ce sera la mondialisation, les ravages du libre échange généralisé, la renaissance des services publics, la protection des plus fragiles face à la jungle du capitalisme financiarisé.
Le concept de « démondialisation » est d’ores et déjà au cœur de la présidentielle.
Il est porté par Arnaud Montebourg.
(Pour en savoir plus: http://desideesetdesreves.fr)
(1) Directeur d’étude à l’école des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
(2) Effets directs (délocalisations), indirects (installations par des entreprises françaises d’usines dans les pays à bas coût de main d’œuvre, disparition des emplois de services induits par les emplois industriels, emplois non créés du fait d’une consommation intérieure déprimée par la politique économique suivie depuis deux décennies),
(3) Enquête IFOP pour l’association « Manifeste pour le débat sur le libre échange »-Mai 2011
(4) Martine Aubry a fait adopter un « projet » qui contient des avancées timides mais réelles, dans la critique du libéralisme effréné de la commission européenne, pour la mise en place d’un « juste échange » n’écartant pas des mesures de protection aux frontières européennes.
François Hollande est reconnu unanimement comme un homme de dialogue, respectueux et à l’écoute des diverses sensibilités de la gauche.