POURQUOI REJOINDRE LE PS ? POUR Y FAIRE QUOI ET COMMENT ?

Publié le par Xavier GARBAR

nouveau-logo-psJe sais d’avance les réactions de nombre de mes amis à l’annonce de mon retour au PS.

Passons sur ceux qui me soupçonneront de vouloir aller « à la soupe », puisque je n’ai aucun appétit pour le dit potage…

Je voudrais surtout m’adresser à ceux qui vont me dire : « avec tout ce que tu penses, tout ce que tu dis, tout ce que tu écris, sur la parenthèse libérale, la mondialisation (et la démondialisation !), l’Europe et ses traités, etc. comment en arriver à (ré) adhérer au PS qui n’est pas clair sur toutes ces questions, pourquoi ne pas rejoindre Mélenchon, ou toute autre organisation de la gauche de la gauche ? »

Je respecte profondément leur choix. Ce n’est pas le mien et je vais essayer de développer les quelques réflexions qui m’ont amené à prendre ma décision.

 

L’échec des scissions socialistes

 

La brève histoire du MDC/MRC qui a épuisé à mon sens son utilité historique, doit être revisitée à la lumière de l’histoire du socialisme français.

 

En France, mis à part la scission communiste de 1920, qui n’a dû sa durée qu’à l’existence de l’Union Soviétique et de ses dépendances, aucune scission du PS n’a perduré plus de vingt ans et souvent beaucoup moins. Très vite, les groupes tentés par l’aventure extérieure sont revenus au bercail. Même le PSU, né en 1960 a réintégré le PS(1)  dans les années 70.

 

Le PCF s’est écroulé électoralement, même s’il garde encore de beaux restes. Mais il survit moins par la valeur et la vigueur (réelle et admirable) de ses adhérents vieillissants, que par ce qui lui reste de son implantation locale et parlementaire qu’il  doit uniquement aux accords de désistement que lui concède le PS tant qu’il en a besoin.

 

Quant au « Parti de Gauche », je crains qu’il ne connaisse un destin semblable à celui du MRC.

D’abord, je ne suis pas sûr que Mélenchon dépasse de beaucoup le score de Chevènement en 2002, et le score respectable que lui prédisent actuellement les sondages (8 à 9%) n’est pas supérieur à l’addition des résultats cumulés des candidats communiste et trotskistes de 2007 (2)  et bien inférieur aux chiffres correspondant de 2002. Le Front de gauche ne fait donc que siphonner les voix de l’extrême gauche en les ajoutant à celles du PC, sans valeur ajoutée.

De toute façon, sa représentation parlementaire sera des plus modestes. Et même si l’éloquence de Mélenchon créée actuellement une certaine dynamique, il y a trop d’hétérogénéité au sein de son parti d’abord et avec le PC d’autre part pour  que la mayonnaise prenne durablement (sur la croissance, le nucléaire, le fédéralisme européen, l’immigration, on est loin de la ligne claire…)

Une fois la présidentielle passée, il y a fort à parier que tout ce petit monde s’égaye ici et là.

Je ne crois donc pas à la reconstruction « à gauche du PS » d’un grand parti capable de le dépasser électoralement et je crains que nombre de nos amis qui vivent une nouvelle jeunesse dans l’enthousiasme des meetings du front de gauche ne se leurrent…

 

Un système institutionnel incontournable

 

Certes la gauche française est diverse et cela fait aussi sa richesse. Mais le système institutionnel dans lequel nous sommes obligés d’inscrire l’action politique est centré sur l’élection présidentielle au suffrage universel et seuls les rêveurs peuvent croire qu’on reviendra dessus. Et même si la gauche donne plus de pouvoir au parlement, même si elle introduit une part de proportionnelle, cela ne remettra pas en cause fondamentalement la bipolarisation du champ politique au moment de l’élection principale, celle qui mobilise encore toutes les couches sociales de la Nation.

 

Par ailleurs, je défendrai une nouvelle fois la thèse, régulièrement vérifiée à chaque élection, de l’existence, depuis deux ou trois décennies, d’un vote captif (pour le PS) d’une part majoritaire de l’électorat de gauche, attaché à la justice sociale et aux valeurs républicaines d’égalité et de laïcité, mais aussi soucieux de crédibilité. Quoique fasse le PS, quelques soient les dirigeants qu’il se donne, quelque inflexion dans un sens ou un autre apparaisse dans ses motions de congrès, invariablement, avec des contours plus ou moins élargis selon le contexte, le PS récolte la part majoritaire de l’électorat de gauche.

Cela ne veut pas dire pour autant que celle-ci adhère à tout ce dit et fait le dit parti. On a vu ainsi, lors du référendum de 2005, c’est-à-dire lors d’un vote sans candidat étiqueté que cet électorat contredisait majoritairement l’orientation adoptée (de justesse) par les adhérents du PS. Mais dès lors qu’on en revient à une élection présentant des candidats socialistes, ceux-ci retrouvent les mêmes électeurs.

 

Cette loi d’airain de la politique française doit guider celui qui cherche où agir avec le plus de pertinence.

 

L’évolution de la structure sociale

 

 Par ailleurs, la société n’est plus celle des trente glorieuses qui pouvait justifier socialement le pluralisme politique : au parti communiste les ouvriers, au parti socialiste les employés et les fonctionnaires, aux radicaux la paysannerie et la boutique !

 

La « classe ouvrière » au sens d’une formation sociale homogène et consciente d’elle-même, encadrée par un réseau syndical et politique, n’existe qu’à l’état de survivance. Comme l’ont montré des études récentes, les ouvriers et employés nés après 1960 n’ont plus été socialisés par la gauche – qui a évidemment sa part de responsabilité dans cette affaire - et leur vote se disperse, comme les autres couches sociales, de la gauche à la droite de l’échiquier politique avec une attirance croissante pour l’extrême droite qui exploite sans vergogne les colères et le sentiment d’abandon qui les habitent à juste titre.

Il est d’ailleurs symptomatique que la « gauche de la gauche » ne perce pas parmi les couches populaires et ne fait pas mieux, même plutôt moins bien que la gauche de gouvernement.

 

En vérité, la société française présente un vaste salariat diversifié, allant des tâches simples d’exécution aux qualifications les plus pointues, de plus en plus tertiaire, l’industrie française ayant perdu plusieurs centaines de milliers d’emplois en deux décennies, de plus en plus atomisé, donc non syndiqué, car exerçant dans des entreprises ou établissements de tailles petites et moyennes, et sous l’emprise d’un management mettant en avant la responsabilisation individuelle plutôt que l’entraide et la solidarité collective d’équipes de travail.

 

Face à cette évolution, je regrette, au risque de paraître archaïque, l’oubli de la théorie du « front de classe », introduite par Jean Poperen et le CERES dans les années 70, qui, prenant acte de cette évolution du salariat, prônait le rassemblement de cet ensemble disparate à tendance centrifuge, avec priorité donnée aux intérêts des plus fragiles et des plus modestes. Cette analyse commandait une stratégie d’union de la gauche d’abord, et au-delà conduisait à l’unité organique au sein d’une même formation politique démocratiquement organisée.

 

Las, tournant le dos à l’effort intellectuel, gagnée peu à peu par l’idéologie libérale-libertaire, la gauche s’est laissé glisser sur la pente la plus facile.

Les gros bataillons ouvriers et syndiqués s’amenuisant peu à peu avec les restructurations et les délocalisations industrielles, la composition des partis de gauche et notamment du PS (mais c’est aussi vrai du PCF, des Verts, du MRC, etc.) dominée par les couches moyennes intellectuelles, a conduit tout naturellement au délaissement des questions sociales au profit des questions sociétales (l’environnement, l’antiracisme, etc.), s’adressant aux « bobos » urbanisés plus qu’aux ouvriers et employés, repoussés, prix du foncier oblige, vers la périphérie des villes.(3) 

 

En résumé, ni l’histoire politique contemporaine, ni le système institutionnel, ni la structure sociale, ne plaident pour une dispersion dans des partis politiques différents.

 

 

 

Le centre de gravité de l’échiquier politique

 

A l’évidence, si on appelle « centre » le lieu de démarcation entre d’une part, ceux qui soutiennent, ou se résignent, à la domination du capitalisme financier sur la société et d’autre part ceux qui la refusent, le « centre » en politique ne se situe pas du côté du Modem, encore moins du Nouveau Centre, simple filiale du sarkozisme, mais bien plutôt à l’intérieur même du PS.

 

Selon que ce dernier penchera d’un côté ou de l’autre, du côté de la résistance ou de celui de la soumission aux marchés financiers, la France s’engagera dans une voie nouvelle, celle de la priorité à l’emploi, au travail, à l’industrie, au pouvoir d’achat, à l’investissement d’avenir, toutes choses qui passent par une réorientation profonde de la construction européenne et des traités qui la régissent, ou alors une nouvelle fois elle n’osera pas défier l’idéologie dominante des élites économiques et politico-médiatiques, celle de la croyance dans l’efficience du marché, dans la vertu de l’austérité, et se soumettra aux diktats de la droite et du patronat allemands (et de toutes nationalités !).

 

Certes l’histoire ne se répète pas. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas en tirer les leçons.

Si François Hollande est élu, si la gauche l’emporte en mai et juin prochain, il n’est pas besoin d’être grand clerc pour savoir que quelques mois plus tard, peut-être plus tôt, compte tenu de la gravité de la crise, nous serons à nouveau confrontés à un dilemme semblable à celui que Mitterrand eut à trancher en 1983.

A l’époque, rappelons le une nouvelle fois à ceux de nos camarades qui pensent en noir et blanc, François Mitterrand hésita longtemps. Autour de lui, des influences contraires s’exercèrent. Chevènement relate cela avec lucidité dans son livre « La France est-elle finie » paru en 2011.

Mitterrand aurait peut-être préféré suivre ceux qui lui conseillaient de poursuivre la politique pour laquelle les français avaient voté en 1981, au prix d’un certain isolement international, et d’un rude affrontement avec les « forces de l’argent ». Mais cela supposait une rupture avec la construction européenne telle qu’elle s’était engagée, et qu’il ne pouvait dissocier de son idéal de paix auquel communiait sa génération après les désastres meurtriers des deux guerres mondiales. Et les Rocard, Delors et autre Attali qui l’emportèrent étaient confortés par les nombreux conseillers qui peuplaient les cabinets ministériels, en grande majorité acquis aux bienfaits du libéralisme triomphant dans le monde et hostiles dès le départ au programme économique (nationalisations, relance keynésienne etc.) de 1981.

 

 

 

 

 

Militer utile

 

Il est donc plus que probable qu’à nouveau l’heure de vérité sonnera assez vite pour la gauche et son président nouvellement élus. Et il s’agira cette fois, instruit par l’expérience, de ne pas renouveler 1983.

En clair, il est nécessaire que le rapport de force, au plus près du lieu de décision soit cette fois favorable à la résistance et non au renoncement.

Quelles en sont les conditions ?

 

Trois niveaux sont à considérer : politique, social et idéologique.

 

1)    La nécessaire re-légitimisation du politique

 

Au niveau politique, je l’ai déjà exprimé, je crois plus à l’efficacité d’un investissement à l’intérieur du PS – où in fine tout se jouera - qu’à la pression exercée de l’extérieur par la gauche de la gauche qui, l’expérience l’a montré, n’a guère fait ses preuves quand le PCF était tout puissant, et me semble, à terme, assez vaine.

Je respecte évidemment les camarades et amis qui ont fait ce choix et partage leur avis sur nombre de sujets (pas tous). Et puisque cette option existe, comptons sur la convergence des efforts des uns et des autres en privilégiant l’esprit d’unité et de coopération plutôt que la confrontation et la polémique sectaire et donneuse de leçons.

 

Mais surtout, ne perdons pas de vue que s’ils restent des outils indispensables à l’exercice de la démocratie, les partis politiques ne comptent dans leurs rangs qu’une infime partie des citoyens de ce pays et que cette insuffisante politisation des citoyens est à l’origine de bien des faiblesses de la gauche.

La République - et les républicains - ne peuvent se satisfaire de la dépolitisation, de la désaffiliation, du désenchantement général vis-à-vis de la politique. Il faut redonner au politique ses lettres de noblesse. Il n’y a pas de République sans Citoyens.

A l’évidence il faut réfléchir à un autre moyen de faire de la politique, adapté au monde du XXIème siècle. Le modèle du parti de militants, n’en déplaise aux nostalgiques d’un temps révolu auquel j’ai cru moi aussi, « avant-garde éclairée des masses », a vécu et fait de plus en plus la place à un dispositif complexe de réseaux d’affiliation et de sujétions aux élus dominants.

Un fort besoin de rénovation s’impose pour redonner aux adhérents de base des partis un peu d’oxygène : le non cumul des mandats (limitation du nombre de mandats simultanés mais aussi du nombre de mandats successifs), ainsi que quelques mesures de contrepouvoirs institutionnels (notamment dans les grandes villes) permettrait un renouvellement plus fluide des cadres et une plus grande liberté d’expression de la base.

Par ailleurs il faut sans doute imaginer le parti politique de l’avenir comme un emboitement de cercles concentriques, où les citoyens s’inscrivent en fonction de leur disponibilité et leurs centres d’intérêt, passant de l’un à l’autre selon le moment, mais disposant tous de droits à l’expression et à la décision. Avec une plus forte porosité entre les actuels statuts figés d’adhérents et de sympathisant.

 

Il est à cet égard symptomatique et sans doute prémonitoire que l’évènement politique majeur des derniers mois ait été la primaire socialiste qui a donné la parole – et la décision ! – non pas aux adhérents, mais à tous les sympathisants de gauche, bien au-delà de la frontière du parti. Ce type d’expérience, s’il était renouvelé, voire étendu à la désignation des candidats à d’autres élections et aux grandes orientations stratégiques(4) , permettrait de transcender les blocages nés de la sclérose des partis, et permettrait une rénovation profonde, une redynamisation et une relégitimation du politique

 

2) L’articulation du politique et du social

 

Les grands conquêtes sociales dans l’histoire de la République et du mouvement socialiste n’ont que rarement été acquises par la seule action des partis politiques, fussent-ils de gauche. La plupart du temps, elles furent portées par la dynamique d’un mouvement social puissant qui précéda, accompagna ou suivit le politique : Front populaire, Libération, mai 68, etc.

Et la faiblesse et finalement les renoncements de la gauche de gouvernement des années 1980-90 résident sûrement dans son incapacité à articuler son action institutionnelle avec un mouvement social complémentaire, lequel est lui-même à réinventer à partir de la société telle qu’elle est devenue et non telle qu’elle était ou telle qu’on la rêve.

 

Je n’ose croire que la gauche et son candidat à la présidence sous estiment la violence que vont lui opposer, s’il est élu, la coalition des conservatismes (droites européennes, officines patronales, lobbies de la finance, et leurs idéologues appointés dans les médias) lorsqu’il commencera à mettre en application les premières mesures de son programme. Bien sûr, le nouveau président pourra s’appuyer sur la légitimité que lui aura conférée le suffrage universel. Et François Hollande a raison de vouloir décider les plus importantes réformes de structure dès les premiers mois. Mais l’état de grâce ne durera pas éternellement. Et il aura besoin de conforter sa majorité politique par un soutien puissant –fut-il critique- du « mouvement social », concept flou désignant aussi bien des organismes structurés (syndicats, associations d’usagers, etc.) que des évènements sporadiques plus ou moins spontanés (manifestations, pétitions, comités divers, buzz sur le net etc.).

 

Plusieurs questions devraient donc à mon sens être étudiées – et si possible résolues – par la gauche et notamment par son principal parti :

 

§        comment constituer un mouvement social puissant et structuré, et notamment comment re-syndicaliser les salariés de France dans le paysage économique contemporain ? Quels liens le syndicalisme doit-il nouer, dans le respect de son indépendance, avec les partis de la gauche ? Comment articuler les expressions forcément plurielles de ces diverses émanations de la société civile avec le politique ?

 

§         comment utiliser les nouveaux moyens de communication (internet, réseaux sociaux, etc.), dont on a vu l’importance dans les mouvements sociaux récents (indignés, révolutions arabes, etc.) ?

 

§        comment re-politiser de larges franges de la jeunesse largement désabusée et indifférente aux enjeux sociaux et politiques, etc. 

 

§        comment faire en sorte que les partis de la majorité et notamment le parti socialiste gardent une véritable autonomie vis-à-vis d’un président et d’un gouvernement issus de ses rangs, et ce afin de continuer à nourrir l’action gouvernementale des aspirations de la société au lieu de n’être plus qu’une courroie de transmission du haut vers le bas ? Comment en d’autres termes, le parti majoritaire peut-il rester loyal sans verser dans le « parti godillot » ?

 

 

3) La contre-offensive idéologique

 

La gauche des années 80 a gagné politiquement au moment même où triomphaient, sur le plan idéologique les théories néolibérales.

Celles-ci avaient déjà conquis l’hégémonie dans les facs de Science Eco, les grandes écoles, la plupart des médias, la Haute Fonction Publique, et largement influencé nombre de dirigeants de la gauche « moderne » dite  "deuxième gauche "(5) , qui ont fait basculer la social démocratie toute entière vers le social libéralisme.

Celui-ci domina et domine encore largement la gauche européenne depuis les années quatre-vingt. De Blair à Schroeder, de Zapatero à Papandréou, on a « mal à sa gauche » en  constatant que nombre des mesures de libéralisation, de privatisations,  de remise en cause des acquis sociaux, de « contre-réformes » libérales ont été mises en œuvre par des sociaux démocrates européens…

La cure d’opposition et surtout la crise économique ont cependant, semble-t-il, commencé à ouvrir les yeux des socialistes, surtout en France. Depuis quelques années le parti socialiste, au moins dans ses textes de congrès, a infléchi ses positions : plus critiques sur l’Europe et sur la commission européenne jugée trop libérale, moins  naïves sur la mondialisation avec l’apparition du concept de « juste échange », cache-sexe de  l’acceptation d’une dose de protectionnisme pragmatique à l’échelon européen.(6) 

Le candidat Hollande veut réorienter l’Europe, fait de « la finance » son adversaire principal, veut combattre les délocalisations, réindustrialiser la France, renouer avec les couches populaires, etc.

 

Mais si ces signes sont encourageants, ne nous masquons pas le fait que les élites politico-médiatiques restent fortement imprégnées de libéralisme et que les citoyens de notre pays restent largement sous l’influence de cette idéologie dominante.

 

Un intense combat idéologique est donc à mener, sans relâche, pour renverser la vapeur.

 

Les partis ont perdu – l’ont-ils jamais eu ? – la capacité et le goût de la réflexion théorique et de l’ « éducation des masses ». Comme le disent souvent les responsables politiques, en le regrettant, ils ont en permanence « le nez dans le guidon », trop occupés par des agendas surchargés pour avoir le temps et la disponibilité d’esprit de réfléchir, trop absorbés par leur emploi du temps pour ne pas s’éloigner irrémédiablement de la réalité quotidienne des « gens normaux », leurs électeurs.

Les fondations, clubs et autres « Think tanks » essaient de remédier à cette lacune et leurs travaux sont souvent intéressants. Mais leur orientation politique est majoritairement libérale, ou sociale démocrate pour ne pas dire sociale libérale. Quelques uns seulement (fondation Copernic, fondation Res Publica) échappent à ce tropisme.

Et leurs publications restent destinées à un public averti, forcément étroit.

 

La masse des citoyens doit de contenter pour nourrir sa culture civique de la presse audiovisuelle et écrite où l’idéologie dominante exerce une hégémonie quasi-totale. Même les principales publications classées « à gauche » (Le Monde, Libé, Le Nouvel Obs) observent dans leurs éditoriaux ou leurs articles socio-économiques une orthodoxie libérale convenue et leur soutien au PS s’accompagne souvent de « leçons » et d’avertissements pour que celui-ci ne dépasse pas la ligne rouge. On voit bien de quel côté ils pencheront et comment ils pèseront au moment crucial, quand il faudra choisir entre les deux alternatives évoquées plus haut.

Dans ces conditions, il est plus qu’urgent de développer une contre offensive idéologique, en réformant profondément les structures de la presse (réglementation sur la propriété des médias, qui doivent être libérés de leur sujétions aux féodalités économiques et financières, aides aux médias indépendants, réforme de la nomination des responsables audiovisuels, etc.) et en utilisant les réseaux sociaux qui permettent de faire circuler les idées hors des sentiers battus.

 

Pour ce qui concerne la « mouvance socialiste », les solutions nouvelles proposées en ce sens par Arnaud Montebourg sont, pourvu qu’elles soient mises en œuvre, intéressantes à plus d’un titre car s’inscrivant dans tous les registres ici évoqués :

 

·        Inscription du combat politique à l’intérieur du parti dominant la gauche, celui qui fournit le candidat du second tour, tout en œuvrant pour sa rénovation et en transcendant ses frontières. C’était tout le sens des primaires, de sa candidature puis de son soutien loyal et total au candidat vainqueur, François Hollande.

 

·        Création d’un Think tank d’inspiration républicaine et antilibérale pour renforcer dans l’opinion le corpus des idées popularisées lors des primaires.

 

·        Lancement d’un mouvement d’éducation populaire, le "Mouvement Rose Réséda"(7), mouvement composé d'adhérents et de sympathisants de la gauche, la gauche dans toute sa diversité, qu’elle soit au PS ou ailleurs, et se donnant comme but d’une part d’organiser sur tout le territoire conférences, débats et colloques (c’est l’ « université populaire itinérante » sur le modèle que souhaitait Jaurès) et d’autre part de créer une école de formation politique destinée à faire émerger une nouvelle génération de militants politiques efficaces capables de prendre des responsabilités au niveau local, mais aussi et surtout de les assumer d’une manière efficace et utile.

 

Je ne me fais pas d’illusion et ne méconnais pas les difficultés qui vont s’amonceler devant nous.

Je ne prétends pas avoir raison tout seul et ne cherche pas non plus à faire école. Ma démarche est l’aboutissement d’un cheminement personnel.

Je veux juste contribuer, modestement, à une tâche collective, avec comme souci principal de transmettre aux nouvelles générations quelques pistes pour qu’elles retrouvent l’espérance en l’avenir.



(1)Du moins ses principales composantes, même si le parti lui-même s’est maintenu, à l’état résiduel jusqu’en 1989   (2)En 2007, Schivardi (PT) + Besancenot + Laguiller + Buffet = 8,93%

(3) La gauche ne doit pas ignorer que ses succès incontestables dans les élections locales tiennent beaucoup à l’abstention des couches populaires, peu mobilisées pour ces scrutins, et qu’à l’inverse ses échecs répétés à l’élection présidentielle, la seule qui mobilise toutes les catégories sociales, s’expliquent aussi par une large désaffection à son égard des catégories « ouvriers » et « employés », encore majoritaires dans la population active…

(4) Il est clair que si une consultation sous forme de primaire avait eu lieu avant le référendum de 2005, le PS n’aurait pas été en porte-à-faux avec l’électorat populaire et aurait sans doute mieux servi, à terme, l’idée européenne.

(5) Certains de leurs leaders, tel Jacques Julliard, en sont revenus et ont fait une analyse lucide et courageuse du dévoiement de la deuxième gauche, autogestionnaire et décentralisatrice, vers le néo libéralisme.

(6) Il n’y a pas si longtemps, toutes suggestions en ce sens étaient taxées de politique « à la coréenne » (du nord bien sûr) !

(7)Qui n’est pas, contrairement à ce qu’en ont paresseusement rapporté la plupart des organes de presse, un nouveau courant du PS

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