MAIS OU VA LE PARTI COMMUNISTE ? La stratégie cachée de Mélenchon

Publié le par Xavier GARBAR

 

Laurent-PCF.jpegLes communistes reprochent non sans raison à François Mitterrand d’avoir prémédité et obtenu le déclin de leur parti. Il est vrai que Mitterrand pensait, et l’histoire lui a donné raison, que la gauche ne pourrait jamais, à l’époque, revenir au gouvernement tant que le parti communiste dominerait la gauche. De fait, celle-ci a triomphé en 1981 quelques années après que le parti socialiste refondé à Epinay ait dépassé dans les urnes son allié.Melenchon.jpeg

Mais Mitterrand préconisait aussi – contre certains socialistes - l’union de la gauche sans laquelle aucune victoire de la gauche n’était possible et donc l’alliance avec le parti communiste et non sa disparition.

 

Le Parti communiste, en 2012, a choisi délibérément de se situer dans l’opposition, et ce dès le début du quinquennat.

Contrairement aux choix effectués en 1945 à la Libération, en 1981 avec Mitterrand, en 1997 avec la gauche plurielle, il n’a pas souhaité participer au gouvernement de la gauche et partager les responsabilités de la gestion. Je veux bien admettre l’argument selon lequel, le nouveau président n’ayant pas souhaité former un gouvernement sur d’autres bases que celles de son projet présidentiel, le parti communiste était dans son droit de refuser de participer au gouvernement, encore que je ne sois pas sûr qu’il ait disposé de plus de marges de manœuvres dans les cas précédents.

Cette fois, il ne participe pas au gouvernement de la gauche, et va même plus loin qu’en 1936 où le parti communiste, sans participer au gouvernement de front populaire, adoptait la position de « soutien critique ».

 

En choisissant de suivre la politique d’opposition systématique préconisée par Mélenchon, le parti communiste, rompant, à mon avis, avec toute son histoire de parti républicain responsable :

 

  1. Contribue, en ajoutant sa voix aux vociférations de la droite, de l’extrême droite et de leurs puissants soutiens économiques et médiatiques, à affaiblir encore plus la gauche, en exacerbant le mécontentement et le désespoir dans le monde du travail sans offrir d’alternative crédible, et partant, à favoriser le retour de la droite la plus conservatrice.

Il fut un temps (par exemple à la Libération dont beaucoup nous parlent sans évoquer ce contexte) où le parti communiste, sans méconnaître la dureté des conditions de vie des travailleurs, sans non plus être béni-oui oui des gouvernements de gauche de l’époque, usait de pédagogie et de persuasion pour faire comprendre à ses électeurs qu’il fallait travailler dur pour relever la France, qu’il fallait être patient, que les choses, trop lentes peut-être, allaient cependant globalement dans le bon sens.

 

  1. s’est engagé ainsi, de façon bien imprudente, dans une voie dangereuse pour la gauche toute entière, qui va forcément pâtir des défections d’une partie importante de l’électorat du front de gauche, mais plus grave pour lui-même, dans une voie suicidaire.

Le désespoir, alimenté, entretenu, amplifié par la ligne politique de critique extrême qu’il a adoptée, ne profitera vraisemblablement pas à grossir ses voix mais conduira nombre d’électeurs populaires à l’abstention ou au vote le Pen. Si de plus le PCF choisit de mener, conformément aux préconisations du parti de Mélenchon, des listes autonomes aux municipales, le risque est immense qu’il perde un nombre incalculable d’élus et ses derniers bastions municipaux.

Ayant déjà perdu la moitié de ses députés à la suite d’une campagne législative calamiteuse où Mélenchon tira toute la couverture médiatique à lui, pour le résultat que l’on sait, que va devenir le parti communiste ? Sur quelles bases matérielles va-t-il s’appuyer ? Comment financera t-il ses activités, ses permanents ?

Comment ne voit-il pas que ce faisant il tombe dans le piège tendu par l’ancien trotskiste Mélenchon qui rêve secrètement de la disparition du parti communiste pour le remplacer, sur ses ruines, par une organisation de la gauche critique, impuissante à rien changer mais lui assurant le leadership et la célébrité médiatique ?

Constater que les communistes qui furent longtemps si sévères avec l’extrême gauche se laissent ainsi entraîner dans une dérive gauchiste laisse l’observateur pantois.

 

Je n’ose croire que les communistes persistent dans ce choix.

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