DECONSTRUCTION DE LA REPUBLIQUE : ILS OSENT TOUT !
Droite décomplexée?
Nicolas Sarkozy restera dans l’histoire politique de notre pays comme celui qui aura libéré la droite de ses derniers complexes.
Durant tout le XXème siècle, les différentes expressions de la droite ont eu du mal à assumer leur positionnement politique.
A l’exception des extrémistes comme l’Action Française de Charles Maurras, la plupart des différentes fractions de la droite conservatrice s’étaient ralliées bon gré mal gré à la République lorsque celle-ci fut installée de façon irréversible. Et, déjà, peu nombreux étaient ceux qui se revendiquaient « de droite », préférant se draper de la bannière « républicaine », ce qui leur conférait une sorte de brevet de progressisme.
Avec la seconde guerre mondiale et l’épisode honteux de la Collaboration, durant laquelle une large partie de la droite, revigorée, « décomplexée » (tiens tiens !) par la « divine surprise »(1) s’est très largement compromise, les conservateurs et réactionnaires de tous poils abandonnèrent pour trente ou quarante ans l’infâmante étiquette. Ils n’en pensaient pas moins, bien sûr, mais se réfugièrent derrière ceux d’entre eux, il y en eu, qui avaient glorieusement sauvé l’honneur de leur camp. Ainsi le gaullisme et sa composante patriote, étatiste et républicaine permit durant les « Trente Glorieuses » à la droite de trouver un refuge.(2)
Et durant toute cette période, le discours officiel des dirigeants de la droite était « retenu », bien moins réactionnaire que la véritable pensée de leurs électeurs. Ainsi, racisme et xénophobie, si présents dans la littérature de la droite d’avant guerre, disparurent quasiment. L’épopée de la France libre et de la Résistance couvrit de vertus progressistes trente ans de politique française.
Et puis le temps passa…l’extrême droite, inexistante jusqu’en 1980, réapparut avec le chômage de masse généré par la victoire économique du néolibéralisme. Révoltée et de fait réanimée par l’arrivée de la gauche aux commandes, l’extrême droite, cantonnée depuis trois décennies à une infime minorité de crétins nostalgiques, trouva malheureusement écho dans les couches populaires qui se sentaient abandonnées par ceux-là même en qui elles avaient l’habitude de croire.
Les partis conservateurs, RPR et UDF, de retour dans l’opposition, se mirent alors à réutiliser l’étiquette. La « droite » réapparut. Avec la crise, le racisme et la xénophobie aussi, ouvertement pour le Front National , sous couvert de lutte contre l’insécurité, la délinquance et l’immigration pour la droite classique.
Celle-ci abandonna peu à peu tout ce qui faisait du gaullisme un mouvement singulier, (politique industrielle, planification, intervention de l’Etat, indépendance nationale, etc.) comme si, la période de repentance étant achevée, on pouvait revenir enfin aux fondamentaux de la droite traditionnelle.
Le (3) mandat de Nicolas Sarkozy, vulgarité et indécence en prime, ne représente que l’apogée du mouvement de « libération » de la droite. Avec de plus en plus de clarté, de moins en moins de gêne, les voix se font entendre, les ténors se lâchent, et tiennent aujourd’hui un langage plus en phase avec leurs troupes : le Fouquet’s et le café du commerce communient dans l’apologie du marché, la haine des fonctionnaires et le rejet des immigrés.
Et, accompagnant les paroles, les actes déconstruisent pierre par pierre l’édifice républicain.
Au-delà des réformes de la gauche des années quatre-vingt quatre-vingt-dix (35h, Emplois-jeunes, etc.…), sont visées les conquêtes sociales de la Libération, les grands principes de la IIIème république, et jusqu’à la Révolution française…
Autrefois, la droite le pensait mais n’osait le dire ni le faire. Puis, elle a commencé à le faire sans oser le dire. Aujourd’hui, "décomplexée", elle le pense, elle le fait et elle le dit :
Les conquêtes de la Libération ?
-Denis Kessler, ex-gauchiste devenu grand patron (PDG du groupe Scor), et qui fut vice-président du MEDEF, commente dans l’hebdomadaire Challenge le 4 octobre 2007 les réformes « sarkoziennes » :
« Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d'importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme... A y regarder de plus près, on constate qu'il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !. »
L’école publique et la Laïcité, grandes conquêtes de la 3ème république ?
- Nicolas Sarkozy, 20 décembre 2007 :
« Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes….La laïcité n’a pas le pouvoir de couper la France de ses racines chrétiennes. Elle a tenté de le faire. Elle n’aurait pas dû... …. Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, … parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. [...] »
La Révolution Française ? (eh oui, aujourd’hui, ils vont jusque-là !)
- Jean François Copé, patron des députés UMP et qui se verrait bien un jour…)
… «Le ah ça ira, n'est plus d'époque: les temps sont passé…la révolution a fait beaucoup de mal et a fracturé la société»
…sic !
Vous en voulez encore ? Tendez l’oreille…ils ne se gênent plus…
(1) En 1940, Maurras saluait comme une « divine surprise » l’arrivée du maréchal Pétain au pouvoir. Pendant l’Occupation, il se fit l’apologiste du gouvernement de Vichy et l’inspirateur de la politique de Collaboration.
(2) On se souvient que De Gaulle n’appréciait guère sa propre formation politique, n’étant pas dupe des sentiments véritables de nombre de ses soutiens.
(3) Car il n’y en aura qu’un ! Donnons-nous en les moyens !
(4) Rappelons que la nuit du 4 août 1789, dont l’évocation révulse M Copé, les députés de l’assemblée constituante unanimes votaient l’abolition des privilèges dont avaient bénéficié des siècles durant, aristocrates et clergé !! Quelle horreur !