ÇA M'ENERVE !!!
Proverbe chinois : « il vaut mieux allumer une petite chandelle que maudire l’obscurité »
Bien que d’un naturel plutôt placide, beaucoup de choses m’énervent sérieusement ces temps-ci.
D’abord cette presse médiocrissime qui distille jour après jour, sinistrose et fumisterie, avec une telle application qu’on hésite, pour la qualifier, entre incompétence et malveillance !
La presse écrite n’est pas en reste, mais la télé évidemment bat les records.
Aucun sujet approfondi, priorité systématique aux « petites phrases », accumulation jusqu’à l’indigestion des affaires aussi scabreuses que secondaires (l’affaire DSK délayée durant des semaines, les tweets de Trierweiler, les péripéties de Pulvar…etc.), répétition en boucle, d’un journal à l’autre des mêmes dépêches d’agences, sans analyse ni originalité, conformisme effarant des organes de presse, présentant quasiment tous la même position sur les mêmes sujets (le traité européen, le président vénézuélien Chavez, et, bien sûr, en ce moment, le top du top, taper à bras raccourci sur Hollande et Ayrault !)
Vous avez peut-être remarqué à quel point la presse, de droite (c’est normal, c’est son job) mais aussi de gauche, est unanime à éreinter ce pauvre gouvernement.
Il a droit à tout : « amateurisme », « apprentis », festival de « couacs », contradictions, hésitations, absence de stratégie, …n’en jetez plus…
Quand une mesure est décidée, elle est nulle. Quand le gouvernement prend son temps pour la mettre au point, c’est qu’il hésite. Quand il va vite, la presse monte en épingle la protestation du premier lobby qui passe (voir notamment cette unanimité à populariser la protestation d’un groupe de patrons). Quand il organise une concertation, il lui est reproché de ne pas être prêt. Quand un ministre explique comment il applique le programme du président, c’est de la langue de bois. Quand il exprime une réflexion originale, c’est le chaos…
Tout cela serait normal dans une démocratie, si la presse de gauche, tellement soucieuse de montrer qu’elle est indépendante du pouvoir (comme si le pouvoir avait la moindre prise sur les médias qui sont bien plus dépendants du capitalisme financier !), ne se comportait pas encore plus durement que la droite !
Je ne fabule pas, lisez chaque jour les titres et sous-titres du Monde, de Libération, du Nouvel Obs, de Marianne. C’est à qui tapera le plus fort !
Certes on ne leur demande pas d’applaudir à tout instant, seulement de respecter leurs lecteurs de gauche et de donner à ce gouvernement, la même bienveillance qu’ils ont manifestée pour les pitreries de Sarkozy durant ses premiers mois !
Il est vrai que les journalistes, du moins ceux qui maîtrisent les rédactions, semblent restés « accros » au style Sarkozy : une annonce par jour, un projet de loi annoncé à chaque fait divers, il suffisait de suivre l’agenda que l’omni président avait concocté pour eux, ce dont, en plus il se vantait !
Tandis qu’attendre qu’un projet avant d’être annoncé, soit approfondi après une concertation avec les partenaires intéressés, c’est trop long, qu’écrire en attendant ?
Des articles de fond ? Mais même Le Monde, autrefois réputé pour exceller dans ce registre, ne le fait plus !
Faire des propositions pour aider ce gouvernement si maladroit, participer à l’œuvre collective de redressement national après la désastreuse séquence sarkoziste ? Se comporter comme des acteurs, des organes de presse « engagés » pour le changement ?
Mais non, notre triste presse « de gauche » se contente tel un magazine de défense de consommateurs de distribuer du haut ( ?) de sa tribune les bons et surtout les mauvais points aux produits proposés au citoyen consommateur par le gouvernement. Quelle jubilation à balancer des tomates et des œufs pourris. Mais surtout, ne pas se compromettre, ne pas se salir les mains, ne pas prendre de risques…
La presse de gauche, ainsi, comme la presse de droite (mais elle, au moins, défend des intérêts bien identifiés) participe et nourrit la sinistrose ambiante, amplifie le scepticisme des français et contribue à aggraver la crise de confiance et partant la crise tout court.
Il y a donc quelque chose de pourri au royaume de la presse française !
Mais hélas, force m’est aussi de constater, et j’en suis fort marri, qu’en cela la presse « de gauche » ne fait que refléter l’état d’esprit d’une grande partie des citoyens, électeurs, sympathisants, voire adhérents des partis de gauche eux-mêmes. Ou bien a-t-elle fini par l’influencer si fort que la même déprime permanente, le même scepticisme ravageur, le même pessimisme règne dans les rangs du « peuple de gauche ».
Et j’avoue ma tristesse d’entendre chaque jour nombre de mes proches, voisins, collègues, amis et camarades reprendre souvent, sans réserve, sans distance, la dernière critique de la veille énoncée par la télé. Si la nouvelle (même pas vérifiée, souvent démentie, parfois vite oubliée) est mauvaise, elle ne peut qu’être vraie !
Le temps est à la déprime permanente.
Alors, à mes amis de gauche déprimés et si vite déçus, je dis, bien conscient que je vais en choquer plus d’un:
- s’il vous plait, un peu de patience, un peu d’indulgence, un peu de patriotisme (oui, j’ose) en cette période de crise gravissime où l’intérêt général doit primer sur les égoïsmes corporatistes, un peu de discipline (j’ose encore, car ça fait aussi partie de l’engagement et de la citoyenneté, et n’est pas contradictoire avec la liberté d’expression), un peu de confiance enfin à ceux que l’on vient d’élire et à qui on ne peut pas décemment reprocher de n’avoir pas changé le monde en 6 mois, est-ce trop demander ?
- et plutôt que de râler et de ronchonner, de prendre pour argent comptant les critiques d’une presse hostile, mettons nous à l’ouvrage, participons au redressement national, tenons compte des promesses déjà réalisées ou en cours – et il y en a déjà beaucoup – popularisons les (à la place de la presse défaillante) auprès de notre entourage, nos amis, nos collègues, et expliquons que les mesures courageuses que doit prendre le gouvernement vu la gravité de la situation dans laquelle il a trouvé notre pays, sont toutes marquées du sceau de la justice sociale, frappant les plus fortunés et épargnant les plus modestes, que les réformes pour prendre effet ont besoin de temps, et que chacun, à proportion de ses moyens, a le devoir de contribuer à l’effort collectif et au Salut Public !
- En résumé, distillons l’espoir et l’optimisme plutôt que de nous laisser glisser sur la pente et contribuer à la sinistrose ambiante.