Le Nouveau Front Populaire doit rester uni, quoiqu’il arrive, durant les prochains mois.
A l’issue des élections législatives, deux constats clairs s’imposent :
- Le refus par les citoyens de l’extrême droite. En répondant à l’appel au « front républicain » lancé par la gauche, les électeurs ont clairement fait barrage au Rassemblement National en le privant de la majorité absolue que le résultat du 1er tour pouvait laisser craindre. On a, à cette occasion, constaté que ce « front républicain » a été très largement respecté par les partis et électeurs de la gauche, beaucoup moins et avec une vigueur toute relative par la droite.
- Une assemblée sans majorité absolue, avec le Nouveau front populaire en tête.
Si le Nouveau Front Populaire est loin de la majorité absolue (289 sièges), il est cependant très nettement en tête avec 193 sièges contre 166 à l’ex-majorité présidentielle, 123 au RN (+16 ex-républicains tendance Ciotti), et 47 LR.
La logique et le respect des électeurs auraient dû conduire le Président à demander à la coalition arrivée en tête et à sa candidate désignée à former un gouvernement et, plus important encore, pour être fidèle à l’esprit du Front républicain sans lequel la quasi majorité des députés macronistes n’auraient pas été élus, un minimum d’honneur aurait dû conduire ces derniers, dans un premier temps tout au moins, à s’abstenir de censurer.
Le prétexte de la présence de ministres LFI, justifiant le choix d’une censure immédiate, ayant explosé en vol quand LFI a suggéré un soutien sans participation, le choix du président d’exclure d’emblée la solution du NFP est non seulement indigne et peu honorable, mais a surtout démontré que sa seule préoccupation est de protéger et perpétuer sa politique au mépris de la démocratie.
Ne disposant pas d’une majorité absolue, il était évident cependant qu’il n’était ni réaliste ni correct d’affirmer que le NFP « appliquerait son programme, rien que le programme mais tout son programme », comme l’a si stupidement proclamé -non sans arrière-pensée sans doute de sa part – Jean Luc Mélenchon, décidément devenu le boulet de la gauche unie.
Comme l’a très rapidement expliqué Lucie Castet, et qu’elle a expliqué au président lors de leur rencontre, le NFP chercherait une majorité texte par texte auprès des parlementaires en s’appuyant sur les mesures phares de son programme, l’abrogation de la réforme des retraites en premier lieu, l’augmentation du pouvoir d’achat, le rétablissement de l’ISF et le soutien effectif aux services publics en difficulté comme l’école et la santé. On a bien compris que pour Macron, même une partie seulement du programme NFP était insupportable !
Aujourd’hui, la gauche se retrouve dans l’opposition, et elle doit, à mon sens rester indissolublement unie.
Si une partie d’entre elle, et ce sont évidemment les socialistes qui sont sollicités, se risquait à tenter de former une coalition avec tout ou partie de la droite, la majeure partie des électeurs y verraient, à juste titre, une trahison des engagements, un tripatouillage politicien qui achèverait de précipiter un nouveau progrès du RN.
Le parti socialiste qui s’est déjà effondré en 2017 dans le macronisme, dans lequel un certain nombre de ses dirigeants d’alors ont succombé, et qui a retrouvé vigueur en revenant à ses fondamentaux, une politique de gauche rompant avec le néolibéralisme, et promouvant l’union des gauches, n’y survivrait pas…et ce serait bien mérité !
Au contraire, si le tripatouillage est l’affaire des droites, le discrédit tombera sur eux et lors des prochaines élections quelles qu’elles soient, législatives après nouvelle dissolution ou présidentielle, le choix des électeurs sera plus clair : la gauche, si elle a su montrer sa cohérence et sa fidélité à ses engagements, ou la droite sous hégémonie croissante du rassemblement national.
Et si la gauche fait bien son travail, si elle en profite pour réduire ses faiblesses (rééquilibrer l’union, établir un fonctionnement démocratique de l’union sans hégémonie de l’une ou l’autre des composantes), et renforcer ses atouts (approfondir le programme et sa crédibilité, assurer le travail militant de terrain, gagner les échéances locales où le RN est faible, etc.), si nous savons résister aux sirènes des « experts » de tout poil, admirateurs des coalitions en vigueur dans d’autres pays européens, qui poussent aux « compromis » (comment fait-on un compromis entre des politiques économiques et sociales incompatibles ?), si nous préférons aller gagner des électeurs chez les couches moyennes et populaires plutôt que chercher à débaucher ceux des classes aisées séduites un temps par Macron, alors on peut penser raisonnablement que la gauche peut croître et se donner comme objectif d’atteindre une majorité absolue.