GAUCHE : OSONS LA CLARIFICATION !
L’attitude actuelle de certains socialistes me pose problème.
On peut en effet constater lors de réunions ou discussions internes que la tentation est grande, même chez des gens d’ordinaire plus mesurés, de reprendre le langage d'opposant radical, et de rêver à nouveau d’unité – mot magique – unité au sein du parti socialiste, unité au sein de la gauche, même avec les frondeurs, voire avec les mélenchonistes...
Comme c’est confortable l'opposition ! Pas de décision impopulaire à prendre et assumer, ne défendre que ce qui plait, et…attendre que le nouveau pouvoir s'use pour retrouver des couleurs... et des sièges locaux ?
Cette position qu’on pourrait qualifier de "néo mollétiste"[1] - dès que je ne suis plus aux commandes je reprends des postures d'opposition radicale – crée un vrai malaise, .
L'expérience du quinquennat Hollande a fait éclater les fausses synthèses. L'union de la Gauche, type 1972, qui a permis à celle-ci de revenir aux commandes en 1981, est aujourd'hui caduque. Et serait la cause de nouvelles désillusions à terme.
L'heure semble plutôt à la clarification.
La « gauche réformiste, républicaine, laïque », qui, j’en suis convaincu, correspond toujours aux aspirations de très larges couches de la société aujourd’hui perdues, sans boussole, doit se refonder, confirmer ses valeurs, affiner sa doctrine, moderniser son projet de société.
Redéfinir ce que l’on est, ce que l’on veut, ne passe-t-il pas d’abord par mettre à jour ce que l’on n’est pas, ce que l’on ne veut pas, ou ne veut plus ?
Contre le sempiternel refrain de l’unité à tout prix et la recherche tactique de synthèses artificielles, osons définir et reconnaître les différences.
Point n’est besoin pour cela de se déchirer entre les différents courants issus de la gauche des années soixante-dix. Evitons les mots et expressions qui fâchent, blessent, et n’apportent rien. Et laissons aux autres les accusations de trahison et les postures sectaires.
Je respecte ces différentes sensibilités, ou plutôt (comme pour les religions), je respecte leurs adeptes sinon leurs doctrines, mais il me semble malsain de prolonger la confusion. Il y a bien aujourd’hui à gauche des lignes politiques non conciliables, portées par des familles qui, n’ont plus guère en commun que des valeurs humanistes et une histoire commune (et c’est déjà beaucoup)
J’en distinguerai principalement trois, la gauche « radicale » de la France insoumise et du PCF, la « gauche sociale-libertaire » de Benoit Hamon et d’Europe Ecologie-Les Verts et la gauche réformiste pour laquelle vous me pardonnerez de développer plus mon propos.
[1] En référence à Guy Mollet, secrétaire général de la SFIO de 1946 à 1969, qui maniait avec habileté un langage très marqué à gauche, très marxiste, qui lui permit notamment de conquérir (et de conserver) la direction du parti socialiste, tout en menant, une fois au pouvoir, une politique beaucoup plus modérée : anticommunisme viscéral et alliances nationale et locale avec le centre voire la droite, atlantisme marqué et hostilité à la décolonisation, envoi du contingent en Algérie, etc.